28 mai 2021

Chronique littéraire : Mémoire de soie d'Adrien Borne (JC Lattès).

Résumé 

Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. Pourtant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents à La Cordot. Peu importe qu’il les quitte pour deux ans, pas de fierté ni d’inquiétude. Il faut dire qu’il n’y a pas de héros en uniforme chez eux, la Grande Guerre a épargné les siens, même si c’est un temps dont on ne parle jamais, pas plus qu’on évoque l’ancienne magnanerie, ultime fierté familiale où, jusqu’en 1918, on a élevé les vers à soie.

Ce matin, sa mère n’a témoigné d’aucune tendresse particulière. Il y a juste ce livret, fourré au fond du sac de son fils, avant qu’il ne monte dans le bus pour Montélimar. Un livret de famille. À l’intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre. Baptistin. Ce n’est pas son père, alors qui est-ce ?

Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu’à remonter au premier acte de cette malédiction familiale.

Ce premier roman virtuose, à l’écriture envoûtante et aux personnages âpres, nous plonge au cœur d’un monde où le silence est règle et la douceur un luxe. Il explore les tragédies intimes et la guerre, celle qui tord le cou au merveilleux, qui dessine des géographies familiales à angle droit. Il raconte la mécanique de l’oubli, mais aussi l’amour, malgré tout, et la vie qui s’accommode et s’obstine.


Notre chronique

Coup de cœur !

Deux trames dans ce très bel ouvrage s'entremêlent : celle de la soie, matériau noble et exigeant dont on est fier, et celle qui tisse l'existence des protagonistes, enchevêtrement dont notre héros, Émile, devra tirer les fils pour enfin espérer en extraire sa vérité... Sur la photo de couverture, une tache étrange a comme brûlé le visage de l'un des personnages, instaurant le mystère... dans cette famille rude et taiseuse.

Secrets, difficulté d’aimer au sein de cette famille sur plusieurs générations, abandons et renoncements… Un roman original, touchant, qui nous fait voyager dans le temps et nous rappelle l’horreur des deux guerres mondiales, mais aussi des drames plus modestes, discrets et silencieux, de familles dysfonctionnelles et déchirées.

Des chapitres qui se suivent et ne se ressemblent pas, mais nous parlent au contraire de périodes différentes et éclairent, par petites touches, l’histoire d’Émile. 

Quel que soit notre parcours, le cheminement d'Émile ressemble un peu au notre, et, admiratifs au passage d'une langue superbe et virtuose, nous l'accompagnons avec passion jusqu'au bout de sa quête.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bonjour !
Votre commentaire sera bientôt en ligne.
Merci d'échanger avec nous !
Gabriel et Marie-Hélène.