Chronique littéraire : Guerrière d'Antoinette Hontang (Éditions Ex Æquo).

Description de l'éditeur

Marguerite, cinq ans, disparaît dans un parc. Qui peut bien vouloir priver la fillette de l’amour de sa mère ?

Romy, une mère aimante mais aussi une femme qui, malgré sa jeunesse, dit avoir déjà vécu mille vies depuis sa venue au monde, et avoir combattu des monstres à six têtes. Pourtant, elle a résisté au-delà de tout en créant sa fille, l’être le plus merveilleux à ses yeux.

Quel mystère se cache derrière cette disparition ? Pourquoi le passé de Romy, malgré ses blessures à peine cicatrisées, se ravive-t-il ? La magie des rencontres, auxquelles elle croit tant, opère-t-elle ? Au cœur de cette intrigue, des horreurs semées par certains voisinent avec la beauté intérieure dégagée par d’autres… Sentiments puissants… L’éternel combat entre le Bien et le Mal.

Notre chronique

« […] je peux déclarer sans aucune outrecuidance en connaître un rayon sur le travail de résilience, car, oui en effet, je n’ai pas été épargnée. »

Guerrière est un texte bouleversant qui plonge le lecteur dans l’intime d’un destin cabossé et l’universel d’une lutte de chaque instant. À travers l’histoire de Romy, Antoinette Hontang donne voix à celles et ceux que la vie n’a pas ménagés : victimes d’abandon, de violences, de l’emprise de pervers narcissiques, d’inceste ou de la disparition d’un enfant.

Avec une plume sensible et lucide, l’autrice dévoile les cicatrices invisibles, ces blessures de l’âme qui façonnent une existence. Guerrière est une ode à la résilience, au courage ordinaire et à cette obstination magnifique qu’ont certains êtres à se relever malgré tout, comme Romy.

« Chaque élément s’imbriquait avec une évidence déconcertante, tout prenait sens ! Dans le même temps, mon cœur s’emplissait d’amertume. Principalement à l’égard de la protagoniste clé, celle qui s’était jouée de moi, qui m’avait dupée, blessée, avec tant de minutie ; de moi-même aussi, pour la crédulité, naïveté, peu importe le terme, dont j’avais fait preuve, au point de devenir sa chose. Je me sentais salie au plus profond de moi et… si minable. Au petit matin, j’étais fourbue, mais pas terrassée ! »

Ce récit poignant, tout en pudeur, met également en lumière les forces de solidarité, les liens sincères et désintéressés qui, dans l’ombre de la violence, apportent une part de clarté. Ce roman rappelle que la bonté existe, que des anonymes tendent la main et que l’humanité peut toujours nous surprendre.

Romy incarne cette héroïne du quotidien, battue par les vents contraires de la vie, mais debout. 

« J’ai bien connu ces sentiments d’immense solitude et de désarroi devant les difficultés, les obstacles ou les gens ; ils m’étaient familiers, avant. »

Refusant de céder au cynisme, elle garde cette foi obstinée en l’autre, en la possibilité d’un avenir meilleur.

« Comment pourrais-je éviter de m’appesantir sur tout ce qui m’est arrivé dans ma jeune existence, le plus merveilleux comme le plus ignoble, et qui a déterminé la femme que je suis aujourd’hui ? »

À la dernière page, une émotion diffuse persiste. On souhaite à Romy la paix qu’elle mérite et l’avenir lumineux auquel elle aspire pour elle et sa petite Marguerite, ainsi que pour son père en quête de rédemption...

« […] j’ai compris. Compris que, si je voulais moi-même avancer dans mon existence avec assurance et sérénité, le temps était venu pour moi de pardonner et d’agir. »

Guerrière est un récit nécessaire, une lecture qui remue et console. Un texte à recommander sans hésitation à toutes celles et ceux qui croient, envers et contre tout, à la force des cœurs cabossés et au pouvoir des mots réparateurs.

Pour aller plus loin

La Vie est Belle de Antoinette Hontang & Mido 

Interview d'Antoinette Hontang (La vie est belle)

Extrait vidéo 

Vidéo de jeremiah7 (sur Pixabay)

Extrait lu par l'autrice.