Résumé de l'éditeur
Superbement illustrée, une histoire tout en délicatesse et mélancolie en forme d’hommage pudique du maître Murakami aux victimes du séisme de Kobe, et à ceux que leurs failles intérieures font parfois vaciller.
— Je crois que c’est parce qu’elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c’est un vilain monsieur qu’elle ne connaît pas qui vient la réveiller.Elle l’appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ».
Quand la femme dont il est secrètement amoureux lui révèle que sa petite fille est en proie à un cauchemar récurrent, Junpei, auteur de nouvelles, invente l’histoire d’un ours mélomane capable d’apaiser toutes les peines…
Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma, puis a dirigé un club de jazz, avant d’enseigner dans diverses universités aux États-Unis. En 1995, à la suite du tremblement de terre de Kobe et de l’attentat du métro de Tokyo, il décide de rentrer au Japon.
Plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, Haruki Murakami a reçu le Yomiuri Literary Prize, le prix Kafka, le prix de Jérusalem pour la liberté de l’individu dans la société en 2009, le prix Hans Christian Andersen en 2016, le prix Cino del Duca en 2022 et le prix Princesse des Asturies en 2023.
Tous ses romans sont disponibles chez Belfond et repris en poche par 10/18.
Kat Menschik est une illustratrice berlinoise. Après Sommeil (Belfond, 2010 ; 10/18, 2011), Les Attaques de la boulangerie (Belfond, 2012 ; 10/18, 2013), L’Étrange Bibliothèque (Belfond, 2015 ; 10/18, 2016) et Birthday Girl (Belfond, 2017 ; 10/18, 2018), Galette au miel est sa cinquième collaboration avec Haruki Murakami.
Notre chronique
Toute la poésie, l’onirisme de Murakami sont contenus dans une nouvelle digne de ses plus grands romans réalistes. Des personnages qui nous font vibrer, qui nous ressemblent et se débattent, qui s’entraident et s’aiment, en dépit des défis et des épreuves. Une fin superbe, plus qu’une simple chute, une apothéose, qui laisse dans son sillage un écho vibrant et bouleversant.
Ce texte qui mêle deux histoires, offre une mise en abyme qui nous propose un reflet de l’intrigue principale, de ses questionnements : quel est le sens de la vie dans un monde aussi dangereux ? Dans un monde dans lequel un tremblement de terre peut être aussi destructeur ? Un récit (celui de Junpei) et une fable (l’histoire de l’ours) qui disent l’horreur de ce phénomène naturel. En effet, le séisme, figure de l’imprévisible et du chaos, est le symbole d’une terreur quasi mythologique. Il exacerbe les peurs et les espoirs des protagonistes.
Elle fait souvent des crises comme ce soir ? Sayoko hocha la tête.— Souvent, c’est un doux euphémisme. En ce moment, c’est pratiquement chaque soir. Elle se réveille toutes les nuits et pique de véritables crises de panique. Elle tremble sans pouvoir s’arrêter. Et j’ai beau essayer de la consoler, elle continue de pleurer. Il n’y a rien à faire.— Tu as une idée de la cause ? Sayoko but le reste de sa bière, puis contempla un moment son verre vide.— Je crois que c’est parce qu’elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c’est un vilain monsieur qu’elle ne connaît pas qui vient la réveiller . Elle l’appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ». Il la réveille pour la faire rentrer de force dans une petite boîte. Une boîte qui n’est pas du tout de taille à contenir un être humain. Elle se débat pour ne pas y entrer, mais il la tire par la main et la plie en quatre en faisant craquer ses articulations pour la mettre de force dedans. C’est à ce moment-là qu’elle se réveille en hurlant.
Murakami partage avec nous la tragédie humaine dans toute sa subtilité et transforme un conte en réflexion sur la résilience, l’amour et la survie de l’esprit face à la brutalité du monde.
En filigrane, une réflexion sur l’écriture (Junpei est auteur).
— Tu étais en train d’écrire ?— Plus ou moins…— Une nouvelle ? Junpei acquiesça d’un signe de tête.— Ça marche bien ?— Comme d’habitude. J’écris des nouvelles, elles sont publiées dans une revue littéraire, et personne ne les lit.— Moi, je lis tout ce que tu écris.— Merci, tu es gentille, dit Junpei. Mais les nouvelles, tu vois, comme forme littéraire, c’est à peu près aussi suranné que les bouliers.
En outre, un texte superbement illustré.
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
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