28 décembre 2018

Chronique : L'envol suivi de Panier de fruits de Philippe Delerm (Librio)

Quatrième de couverture
Rien ne distingue cet homme-là. Rien ne permet de le rendre visible. Un nom banal, un pardessus gris, un corps massif et mou dont il ne sait trop quoi faire. Difficile de peser sur ce monde. Alors cet homme s'en invente un autre, où l'air paraît plus léger. Un cerf-volant bleu ainsi qu'un étrange oiseau peint par Folon lui en ouvrent les portes. Bientôt, l'homme prend son envol vers des espaces aux teintes adoucies. Des paysages délavés, des reliefs effacés. " Peu de couleur et beaucoup d'eau ", disait Folon à propos de l'aquarelle. Beaucoup d'eau, peu de couleur - n'est-ce pas également le secret d'une vie plus sage et plus facile ? Le secret mélancolique du bonheur ?

Notre chronique 

L'envol
La ville était un peu à lui, les jours de pluie, à lui cette mélancolie légère et parfumée.
L'envol est l'histoire de Delmas, un homme solitaire, qui mène une vie somme toute assez banale, jusqu'au jour où il se rend à une exposition (Œuvres de Folon au Musée Ingres de Montauban) et se découvre une passion.
Il n'y eut pas de choc, pas de surprise. Mais tout de suite, il oublia la foule, et se sentit glisser dans un vertige plutôt agréable.
Un "curieux oiseau svelte à corps d'homme le dévisageait" et petit à petit Delmas va avoir une autre vision de la vie :
[...] il n'était plus le même.
Il achète un premier cerf-volant et prend un plaisir indicible à le faire voler. Il en construit d'autres, de plus en plus grands, jusqu'à se prendre lui-même pour un oiseau...
Des ombres amies volaient, dans les champs de silence, frôlaient sa solitude, le caressaient d'une présence étrange: souvenirs sans paroles, âmes familières, prisonnières dociles d'une forme anonyme.
Cette fable poétique est juste, belle, mélancolique.

Panier de fruits
Cette nouvelle expose avec ironie et humour des vérités que nous n'ignorons pas : quelques mots pour une publicité peuvent rapporter bien plus d'argent qu'un livre entier. Et pourtant ? L'art n'est-il pas plus important que la finance ? Ne faut-il pas un certain degré d'abnégation pour être un auteur authentique ? La vie est d'une manière générale une suite de choix. Avec des conséquences. Il faut les assumer. C'est le prix de l'honnêteté. Une ode à l'écriture sous toutes ses formes, une réflexion sur les mots et nos maux.
Ce recueil est illustré par de superbes lavis de Stéphane Girel.

Lien vers notre chronique de Il avait plu tout le dimanche de Philippe Delerm.

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