Comme chaque matin, Smita démêle les cheveux de sa fille
Lalita.
Elle ne les a jamais coupés, ici les femmes gardent
longtemps leurs cheveux de naissance, parfois toute leur vie.
Elle divise la chevelure en trois mèches, qu’elle entrelace
délicatement pour en faire une tresse. Mais aujourd'hui n’est pas un jour comme
les autres.
Aujourd'hui, Lalita va entrer à l'école.
Adaptation jeunesse de la partie indienne du bestseller La
Tresse, ce bel album graphique et lumineux nous raconte la traversée de l'Inde
de la petite Lalita et de sa maman Smita, nées Dalits, Intouchables.
Une formidable histoire de vie, de rébellion, de croyance et
d'espoir, magnifiquement mise en images, qui ouvre la réflexion sur les
différences sociales, la condition féminine et l'accès à l'éducation.
Notre chronique
Adapter pour
des enfants occidentaux le formidable roman de Lætitia Colombani représente à
coup sûr un défi, surtout lorsqu’il s’agit précisément de l’histoire de Lalita,
la plus dure, la plus étrangère à nos cultures. Mais c’est une réussite. Car
l’auteure se refuse à toute complaisance, à toute adaptation qui auraient rendu
les faits plus lisses. Oui, le monde est divers, oui les enfants ne sont pas
tous traités de la même manière sous toutes les latitudes. Le livre montre ce
qui est. C’est son rôle fondamental. Sa dimension pédagogique. Et du reste,
même si l’étonnement, ou même l’indignation, ne peuvent manquer, à la lecture
de ce récit, pour nos jeunes lecteurs français, tout est loin d’y être négatif
même si la religion omniprésente pose sa marque indélébile sur les
comportements de chacun. Les enfants d’Inde, comme leurs parents, sont pris
sous l’aile contraignante de Vishnou et leur destin semble irrémédiablement
tracé. Mais Lalita ne plie pas. Elle veut apprendre. Elle refuse de subir la
répression. Marques du temps. Évolutions sous-jacentes d’une Société qui entre
aussi dans le vingt et unième siècle. L’Inde est ancrée dans ses traditions
mais le monde pousse à ses portes. Les échanges avec l’extérieur sont de plus
en plus nombreux : commerciaux, culturels. Quelque part une école existe qui
accepte les enfants quelle que soit leur origine. Les parents de Lalita ont
peur. La coutume est si forte ! Mais finalement – sa maman, elle-même tenaillée
par le sentiment d’injustice - cède et accompagne sa fille dans sa démarche de
libération. Un texte optimiste qui montre qu’au-delà des héritages, des
pesanteurs ancestrales, la volonté d’une seule personne, qui plus est, celle d’
une jeune femme, peut malgré tout l’emporter.
L'auteure
Lætitia Colombani est née en 1976 à Bordeaux
Après deux années de
classe préparatoire Cinésup à Nantes, elle entre à l’Ecole Nationale Supérieure
Louis Lumière et obtient son diplôme en 1998.
Elle écrit et réalise
des courts-métrages, puis deux longs-métrages : À la folie... pas du tout
(2002) avec Audrey Tautou, Samuel le Bihan et Isabelle Carré, qui remporte le
Prix Sopadin Junior du Meilleur Scénario, puis Mes stars et moi (2008) avec Kad
Merad et Catherine Deneuve.
Elle travaille également pour la scène et co-écrit la
comédie musicale Résiste en 2015 d’après les chansons de France Gall composées
par Michel Berger (Palais des Sports de Paris et tournée dans toute la France).
Elle est également
comédienne à la télévision et au cinéma, dans une douzaine de longs métrages,
dont Cloclo de Florent Emilio Siri, sorti en 2012.
La Tresse est son premier roman.
Clémence Pollet -- Illustratrice
Son site.Née en 1985, je suis ma formation en illustration à l’École Estienne à Paris et à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg. Mon premier album L’ébouriffée paraît aux éditions du Rouergue en 2009.
Depuis, je travaille principalement dans l’édition et la presse jeunesse et publie des ouvrages pour différents éditeurs, grands et petits. Hong Fei Cultures, De la Martinière jeunesse et Didier jeunesse sont mes principaux éditeurs. Chaque livre est pour moi une occasion nouvelle d'expérimentation graphique. Je dessine, découpe et colle autant que je grave ou peins. Je puise mon inspiration dans des œuvres classiques et contemporaines et suis fascinée par l'art populaire et traditionnel des pays européens et orientaux.
Sa page Facebook.
Son compte Instagram : @clemencepollet.
Interview de Clémence
Quand avez-vous su
que vous vous seriez illustratrice ?
Lorsqu'après quelques hésitations entre différentes
formations (typographie/architecture d'intérieur), je suis entrée en DMA
illustration à l'école Estienne (à Paris). J'ai (re)découvert la littérature
jeunesse à ce moment et certains livres ont été de vrais déclencheurs comme le
délicieux Amourons-nous de Geert de
Kockere et Sabien Clément.
Êtes-vous née dans
une famille d'artistes ?
Je suis née dans une famille où l'Art occupait une certaine
place, mes parents nous emmenaient régulièrement mes sœurs et moi visiter des
centres d'Art et autres musées. Résultat, ma grande sœur est directrice
artistique et dessinatrice et ma petite sœur, photographe.
Comment
choisissez-vous vos projets ?
Les éditeurs me proposent des projets, s'ils sont en accord
avec mon univers, éveillent ma curiosité et sont compatibles avec mon emploi du
temps, je les accepte ! Je consacre assez peu de temps à mes projets personnels
mais les choses risquent de changer bientôt !
Comment
fonctionnez-vous avec l'auteur(e) de l'album ?
La plupart du temps je travaille avec les éditeurs et
rencontre les auteurs à la sortie des albums. Pour mes derniers ouvrages dont La tresse ou le voyage de Lalita, nous
avons travaillé main dans la main avec les autrices et cela m'a bien plu !
Le mot de la fin ?
Appétit !
Merci infiniment Clémence !
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