02 janvier 2019

Chronique : La tresse ou le voyage de Lalita de Lætitia Colombani et Clémence Pollet (Éditions Grasset).

Quatrième de couverture
Comme chaque matin, Smita démêle les cheveux de sa fille Lalita.
Elle ne les a jamais coupés, ici les femmes gardent longtemps leurs cheveux de naissance, parfois toute leur vie.
Elle divise la chevelure en trois mèches, qu’elle entrelace délicatement pour en faire une tresse. Mais aujourd'hui n’est pas un jour comme les autres.
Aujourd'hui, Lalita va entrer à l'école.
Adaptation jeunesse de la partie indienne du bestseller La Tresse, ce bel album graphique et lumineux nous raconte la traversée de l'Inde de la petite Lalita et de sa maman Smita, nées Dalits, Intouchables.
Une formidable histoire de vie, de rébellion, de croyance et d'espoir, magnifiquement mise en images, qui ouvre la réflexion sur les différences sociales, la condition féminine et l'accès à l'éducation.


Notre chronique 
Adapter pour des enfants occidentaux le formidable roman de Lætitia Colombani représente à coup sûr un défi, surtout lorsqu’il s’agit précisément de l’histoire de Lalita, la plus dure, la plus étrangère à nos cultures. Mais c’est une réussite. Car l’auteure se refuse à toute complaisance, à toute adaptation qui auraient rendu les faits plus lisses. Oui, le monde est divers, oui les enfants ne sont pas tous traités de la même manière sous toutes les latitudes. Le livre montre ce qui est. C’est son rôle fondamental. Sa dimension pédagogique. Et du reste, même si l’étonnement, ou même l’indignation, ne peuvent manquer, à la lecture de ce récit, pour nos jeunes lecteurs français, tout est loin d’y être négatif même si la religion omniprésente pose sa marque indélébile sur les comportements de chacun. Les enfants d’Inde, comme leurs parents, sont pris sous l’aile contraignante de Vishnou et leur destin semble irrémédiablement tracé. Mais Lalita ne plie pas. Elle veut apprendre. Elle refuse de subir la répression. Marques du temps. Évolutions sous-jacentes d’une Société qui entre aussi dans le vingt et unième siècle. L’Inde est ancrée dans ses traditions mais le monde pousse à ses portes. Les échanges avec l’extérieur sont de plus en plus nombreux : commerciaux, culturels. Quelque part une école existe qui accepte les enfants quelle que soit leur origine. Les parents de Lalita ont peur. La coutume est si forte ! Mais finalement – sa maman, elle-même tenaillée par le sentiment d’injustice - cède et accompagne sa fille dans sa démarche de libération. Un texte optimiste qui montre qu’au-delà des héritages, des pesanteurs ancestrales, la volonté d’une seule personne, qui plus est, celle d’ une jeune femme, peut malgré tout l’emporter.  

L'auteure

Lætitia Colombani est née en 1976 à Bordeaux
Après deux années de classe préparatoire Cinésup à Nantes, elle entre à l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière et obtient son diplôme en 1998.
Elle écrit et réalise des courts-métrages, puis deux longs-métrages : À la folie... pas du tout (2002) avec Audrey Tautou, Samuel le Bihan et Isabelle Carré, qui remporte le Prix Sopadin Junior du Meilleur Scénario, puis Mes stars et moi (2008) avec Kad Merad et Catherine Deneuve.
Elle travaille également pour la scène et co-écrit la comédie musicale Résiste en 2015 d’après les chansons de France Gall composées par Michel Berger (Palais des Sports de Paris et tournée dans toute la France).
Elle est également comédienne à la télévision et au cinéma, dans une douzaine de longs métrages, dont Cloclo de Florent Emilio Siri, sorti en 2012.
La Tresse est son premier roman.


Clémence Pollet -- Illustratrice

Née en 1985, je suis ma formation en illustration à l’École Estienne à Paris et à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg. Mon premier album L’ébouriffée paraît aux éditions du Rouergue en 2009.

Depuis, je travaille principalement dans l’édition et la presse jeunesse et publie des ouvrages pour différents éditeurs, grands et petits. Hong Fei Cultures, De la Martinière jeunesse et Didier jeunesse sont mes principaux éditeurs. Chaque livre est pour moi une occasion nouvelle d'expérimentation graphique. Je dessine, découpe et colle autant que je grave ou peins. Je puise mon inspiration dans des œuvres classiques et contemporaines et suis fascinée par l'art populaire et traditionnel des pays européens et orientaux.
Son site.
Sa page Facebook.
Son compte Instagram : @clemencepollet.

Interview de Clémence 




Quand avez-vous su que vous vous seriez illustratrice ?
Lorsqu'après quelques hésitations entre différentes formations (typographie/architecture d'intérieur), je suis entrée en DMA illustration à l'école Estienne (à Paris). J'ai (re)découvert la littérature jeunesse à ce moment et certains livres ont été de vrais déclencheurs comme le délicieux Amourons-nous de Geert de Kockere et Sabien Clément.

Êtes-vous née dans une famille d'artistes ?
Je suis née dans une famille où l'Art occupait une certaine place, mes parents nous emmenaient régulièrement mes sœurs et moi visiter des centres d'Art et autres musées. Résultat, ma grande sœur est directrice artistique et dessinatrice et ma petite sœur, photographe.

Comment choisissez-vous vos projets ?
Les éditeurs me proposent des projets, s'ils sont en accord avec mon univers, éveillent ma curiosité et sont compatibles avec mon emploi du temps, je les accepte ! Je consacre assez peu de temps à mes projets personnels mais les choses risquent de changer bientôt !


Comment fonctionnez-vous avec l'auteur(e) de l'album ?
La plupart du temps je travaille avec les éditeurs et rencontre les auteurs à la sortie des albums. Pour mes derniers ouvrages dont La tresse ou le voyage de Lalita, nous avons travaillé main dans la main avec les autrices et cela m'a bien plu !

Le mot de la fin ?
Appétit !

Merci infiniment Clémence !

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