20 novembre 2020

Chronique littéraire : Messieurs les enfants de Daniel Pennac (Gallimard).

Description de l'éditeur
"L'imagination ce n'est pas le mensonge," tel est le leitmotiv que Crastaing assène inlassablement à ses élèves, qui ne l'écoutent guère. Si peu même que trois d'entre eux, les plus frondeurs, Igor Laforgue, Joseph Pritsky et Nourdine Kader vont écoper, en guise de punition, du devoir suivant: Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. La suite prouvera que la réalité dépasse souvent la fiction puisque c'est ce qui va véritablement se produire à travers une série de catastrophes et de métamorphoses rocambolesques qui donnent à l'auteur de "Comme un roman," l'occasion de réfléchir non seulement sur le pouvoir de la fiction mais sur l'enfance et l'éducation. Tout en se livrant sans restriction au "bonheur narratif", Daniel Pennac porte un jugement sévère sur une certaine attitude pédagogique qui produit des enfants "amputés de leur enfance, poussés prématurément dans le train des ambitions, programmés dès l'ovule" et invite chacun de ses lecteurs, quel que soit son âge à "ressentir l'enfance au moins une fois." - Gérard Meudal.

Notre chronique
Un ouvrage formidable, comme tous les romans de Daniel Pennac, hilarant, incisif, imaginatif et très sympathique, même s’il s’agit également d’une critique sévère de certaines façons d’enseigner, d’éduquer ses enfants.
Des personnages complexes, truculents, en particulier Monsieur Crastaing, nos trois compères, mais aussi leurs parents hauts en couleur, qui ne nous laissent pas de répit !
Nous retrouvons le quartier de Belleville avec bonheur et l’univers du collège… enfin d’un certain collège avec son personnel particulièrement pittoresque !
Un roman qui revisite à sa façon une œuvre majeure de la littérature, La Métamorphose, mais aussi dans une moindre mesure Dr Jekyll et Mr Hyde, pour notre plus grand plaisir !
Une réflexion, en outre, sur le pouvoir de l’imagination (n’oubliez pas : « L’imagination n’est pas le mensonge. » et ne choisissez pas les solutions de facilité !... Ça ne plairait pas à Monsieur Crastaing…).
Un texte qui nous rappelle de nombreux cas similaires dans la littérature ou au cinéma : l'homme qui devient femme et inversement, le riche changé en pauvre et réciproquement, la mère échangée avec sa fille adolescente, l'humain transformé en chien,  des enfants ramenés à l'état de lilliputiens, l'adulte qui rajeunit jusqu'à redevenir un bébé...
Cette longue tradition souvent jubilatoire (pas toujours, et les problèmes sont nombreux, la détresse possible) permet une fantaisie de scénario quasi-illimité, comme dans cet ouvrage, et véhicule le même message : c'est peut-être en se mettant, littéralement dans la peau de l'autre, qu'on apprendra à le comprendre.
Un texte puissant, une intrigue bien ficelée, un grand bonheur littéraire ! À découvrir (si ce n’est pas encore fait) !


Pour aller plus loin

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Gabriel et Marie-Hélène.