Ce huis clos magistral est une adaptation de la pièce de David Mamet, dramaturge juif américain dont les parents sont des immigrés russes. Ce détail est important puisque la pièce repose sur un argument social : celui de l’intégration des étudiants modestes au sein de l’université américaine. On voit qu’une transposition dans le cadre français est délicate puisque le prix des études supérieures en France n’a rien à voir avec celui des études dans les universités d’outre-Atlantique. En outre, la confrontation, le tête-à-tête avec une étudiante est spécifiquement nord-américain, un bureau étant dédié aux professeurs dans ce but.
Cela étant, cette pièce va bien au-delà d’un simple différend entre un homme et une femme. Elle est une réflexion profonde sur le pouvoir, une parabole qui dérive vers de nombreux thèmes qu’il serait trop long de développer ici. Retenons-en un : le procès. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Dans la première partie, l’étudiante Carol est comme une pile, elle accumule tous les éléments qui vont faire d’elle un procureur au cours d’une deuxième partie, surprenant renversement de situation. A-t-elle prémédité sa vengeance ? À chacun d’en décider. Lequel des deux est finalement le vrai coupable ? Ni l’un ni l’autre ? Reste la réflexion sur une société paternaliste, sur un dilemme qui se conclut par une violence physique extrême, violence d’un homme sur une femme, qui reste malheureusement d’une brûlante actualité trente ans après la rédaction de ce texte.
La jeune Nadia Nouel Sharshar (qui joue en alternance avec Roxane Davidson) est parfaite d’intériorité. Elle élève peu la voix, mais ses mots sont comme des couperets. Kevin Gouabault interprète à merveille le maître, sûr de ses prérogatives, mais désarçonné par l’issue d’un entretien qui semblait de simple routine. La mise en scène de Violette Erhart est sobre (comme à l’origine), un simple bureau, mais l’intelligence de l’éclairage transfigure l’action et lui donne une crudité parfaitement réussie.
Un superbe moment d’émotion, captivant. À ne manquer sous aucun prétexte.
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Gabriel et Marie-Hélène.