Présentation de l’éditeur
Les destins d’une jeune archéologue, dévoyée en trafiquante d’antiquités, et d’un pompier syrien, devenu fossoyeur, se heurtent à l’ expérience de la guerre. Entre ce qu’elle déterre et ce qu’il ensevelit, il y a l’histoire d’un peuple qui se lève et qui a cru dans sa révolution.
Variation contemporaine des "Oresties", un premier roman au verbe poétique et puissant, qui aborde avec intelligence les désenchantements de l’histoire et "le courage des renaissances". Un hommage salutaire aux femmes qui ont fait les révolutions arabes.
Notre chronique
Cet ouvrage est superbement écrit. Il s’agit avant tout d’une magnifique ode aux femmes qui se battent pour l'indépendance et la liberté. Et qui détiennent une sagesse dont, hélas, on n'écoute pas le murmure obstiné. Formidable histoire d'abnégation, d'entraide, de recherche du sens de la vie quand tout s'effondre et quand l'inhumanité a pris le dessus dans un pays qui se déchire, dans lequel tout est “coïncidences”.
“C’est pour cela qu’elle s’était jetée dans l’inconnu qui ronge, pour se purifier des faux mythes, de l’humiliation d’être une femme dans un monde d’ombres et de fantasmes rétrécis.”
Julie Ruocco nous parle aussi de destin et de l’importance de la famille :
“Son père lui répétait tout le temps qu’il suffisait d’un rien pour faire un destin, et que tous demeuraient interchangeables.”
Un médaillon (de furie) tel un symbole fort qui poursuit l'héroïne jusqu'à la dernière page de cette belle saga familiale. Rien d'étonnant puisque les Furies sont les mêmes que les Erinyes, qui traquent et pourchassent sans relâche les criminels, spécialement ceux qui s'en sont pris à l'un des leurs. Farouches gardiennes de l'ordre moral, elles sont d'implacables vengeresses sans pardon ni indulgence mais au service des victimes trahies, bafouées, abusées.
On pense bien sûr à Oreste et Electre et ici aussi l'importance d'une sœur perdue est l'un des fils qui tissent ce récit de destinées croisées...
La recherche des racines, de l’Histoire (grâce à l’archéologie) rejoint l’exhumation du témoignage des vivants, des acteurs de cette guerre au nom de laquelle les pires exactions sont commises.
“Combien de fois avait-elle envié ces bijoux déterrés du sable ? Elle aurait voulu qu’on se penche sur elle avec la même délicatesse, qu’on dissipe les secrets du passé et remonte le fil de son histoire.”
Des personnages en quête de vérité, de purification, et finalement de rédemption. Oreste d'ailleurs finira par rompre le cycle infernal, et les Erinyes deviendront, en titre du moins, Euménides, Bienveillantes... Des figures féminines debout, vulnérables mais intraitables, nous parlent avec intensité car de la malédiction des Atrides aux tragédies modernes les ressorts humains restent les mêmes.
À saluer et lire sans plus attendre !
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Gabriel et Marie-Hélène.