Bonjour Anne-Cécile,
Merci d’avoir accepté cette interview !
Pourrais-tu nous
parler de tes différentes « casquettes littéraires » ?
Elles ne sont pas si nombreuses que ça, quoique…quand je
réfléchis, il y a l’endroit, le côté de l’enseignement. Un groupe d’élèves,
c’est le laboratoire idéal pour un(e) auteur(e) : ils adorent qu’on leur lise
un texte, les retours sont sans concession souvent. Et il y l’envers très très
récent en fait, cela remonte à trois ans : on m’a proposé la relecture de
manuscrits, l’impulsion d’écrire est venue paradoxalement, je dois l’avouer, de
la frustration de lire de mauvais manuscrits ! Parallèlement, je menais des
entretiens avec l’autrice Régine Detambel qui m’a convaincue de passer à
l’acte. Tout s’est enchaîné, j’avais un sujet dans ma tête qui courait, ou, en
tout cas, un silence autour d’un sujet qui me tenait à cœur. Pendant un an j’ai
suivi un atelier d’écriture sur La Rochelle, l’été qui a suivi je suis partie
en résidence chez Régine Detambel où l’embryon du chantier a grossi un peu.
J’ai continué vraiment seule en me faisant confiance toute l’année qui a suivi.
Les casquettes évoluent beaucoup et nécessairement, c’est
important de ne rien laisser se figer. Je ne peux pas en dire plus, mais nous
avons à plusieurs le souhait d’avoir notre propre laboratoire de lecture à
haute voix pour travailler l’oralité du texte, pas forcément de la poésie d’ailleurs.
Justement. J’écris tous les jours, peu importe le temps, le lieu, l’heure, au
minimum trente minutes. Parfois, ce temps, je le consacre à une proposition
d’écriture pour le site de L’Inventoire ! Je sors de mon propre manuscrit,
c’est un bon moyen d’ouvrir des « portes fermées » pour revenir justement au
manuscrit.
En quoi sont-elles
complémentaires ? Comment t’aident-elles au quotidien à mieux appréhender tes
autres activités littéraires ?
Quand tu écris toi-même tous les jours, tu es plus crédible
face à des élèves à qui tu demandes d’écrire. Personnellement, quoi de plus
normal que d’écrire et de se confronter à l’écriture quand tu le demandes à des
jeunes ? Que ce soit quand un élève rencontre une difficulté à passer à
l’écriture, à exprimer une idée clairement ou que ce soit quand tu as une
attente bien précise, tu cernes tout de suite ce dont il va avoir besoin ou ce
sur quoi il va exceller parce que spontanément il s’appuiera sur ses propres
moyens. Je ne pars jamais sur du neuf et je ne propose pas du nouveau ou du «
tu vas devoir faire autrement, comme ci, comme ça », je pars de ses forces.
Vendredi, tiens, les élèves devaient écrire à la manière du
« Je me souviens » de Georges Perec, je leur avais juste parlé de Georges Perec,
l’un est allé écouter sur YouTube un extrait. Entre temps, pendant une semaine,
il avait noté au brouillon 10 anecdotes de l’actualité de la semaine passée.
Vendredi, il a expliqué aux autres sa démarche, et c’était parti pour tous
! J’ai été scotchée, littéralement, par
ses choix concernant l’actualité. Et scotchée aussi par la sincérité absolue
qui est ressortie de chacun des textes.
Pour mes propres activités littéraires, c’est tout
simplement une respiration, un souffle de diversifier ses activités. C’est
ultra difficile de rester sociable quand tu passes une période où c’est
difficile d’avancer, quand l’écriture est bloquée. Tout se bloque, c’est
laborieux avec soi et avec les autres aussi. Je suis restée 7 mois, je crois -
c’était très difficile à vivre - sans pouvoir écrire, mais jamais je ne me suis
résignée, j’ai écrit autre chose, pris des notes et un matin, je suis d’autant
mieux revenue à mon manuscrit. J’ai aussi enfin accepté d’écrire pour peut-être
ne pas garder grand-chose.
Quels sont tes livres
de chevet ?
Les Misérables et
le Comte de Monte-Cristo ! Les Mémoires d’Hadrien aussi… reviennent
souvent.
Quels sont tes
auteurs préférés ?
Barbey d’Aurevilly pour ses ambiances étranges, un peu hors
temps… et ses personnages terrifiants, Jean Giono et les deux Marguerite !
Marguerite Duras et Marguerite Yourcenar ! Pour la voix de chacun et chacune,
reconnaissable entre mille. Je viens de relire La Douleur justement ! Pour Giono, c’est lié d’abord à ses romans Les Âmes fortes et à Un Roi sans divertissement : il a fait
preuve d’une audace incroyable en élaborant des processus narratifs complexes
qui ne ressemblent à aucun autre.
Comment
sélectionnes-tu les livres que tu lis ?
Je n’en suis plus au stade de sélectionner, je crois … Je
lis vraiment tout et autant que je peux ne serait-ce que pour m’imprégner et
parce que je suis curieuse… Mais je déteste la course à la lecture en période
de rentrée littéraire, je déteste la marche forcée.
Si je pouvais ne plus faire de courses et n’acheter que des
livres, ça me conviendrait parfaitement ! D’ailleurs, c’est un peu ce qui se
passe ! Je vais au minimum deux fois par semaine en librairie, je feuillette,
j’ai quelques très bons lecteurs autour de moi qui m’ouvrent sur des auteurs
que je n’aurais pas lus toute seule. Depuis deux ans, je lis davantage de
littérature américaine parce qu’ils ont une littérature tournée à part entière
vers la nature et les grands espaces.
Le mot de la fin ?
Pour aller bien, lisez, pour prendre du recul, lisez et
écrivez, abreuvez-vous de lecture et d’écriture !
Pour aller plus loin
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