Fahrenheit 452 : des livres à la culture...: Interview de Tigran (Trilogie Shaman).

Aviez-vous rédigé ces trois opus il y a longtemps, avec l'idée de les publier "un jour" ou tout s'est-il fait simultanément (rédaction/publication) ?

Tout s’est enchaîné récemment, et comme par magie, dans un timing aussi rapproché que surprenant. Je n’ai rien planifié. J’ai plutôt suivi le flow qui venait d’ailleurs, ou de l’intérieur.

Ont-ils été écrits dans l'ordre chronologique, ou comme les souvenirs vous revenaient, quitte à les ordonner ensuite ?

Chronologiquement et tels que vous les lisez, avec des retours sur images de l’enfance, donc mon passé livré verbatim et tel que je l’ai vécu. Il s’entrelace au déroulé du conte au présent, en reprenant des expériences traversées sur divers continents, réunies ici en Mongolie.

Pourquoi une parution maintenant ? Parce que le moment s'impose et que ça ne s'explique pas vraiment, ou parce que vous pensez que c'est une contribution importante qui va aider, guider les gens dans une période difficile, avec une humanité en danger et avide de repères, y compris spirituels ?

Je n’ai pas décidé grand-chose, mais, en toute humilité, je perçois déjà le bien que la trilogie Shaman peut faire à certaines et certains. Notamment par les retours de lecteurs qui écrivent se sentir reconnectés à leur propre magie, ou à ce qui, au plus profond d’eux-mêmes, aspire à prendre soin de leur personne, aussi bien du corps que de l’âme, et, plus globalement, de leur prochain. Recevoir de tels retours est très heureux.

Avez-vous toujours eu l'intention de partager votre expérience et vos enseignements ?

Vous a-t-on conseillé de le faire ?

Personne ne me l’a conseillé, mais une petite voix intérieure m’y a invité. Je l’ai suivie comme on écoute un guide, et, chemin faisant, les livres en sont nés. Au fil de ces rencontres, elle est devenue incontournable, et reconnaissable entre toutes. C’est elle qui a fini par, littéralement, dessiner une nouvelle voie. Un nouveau chemin qui, en fait, semblait avoir toujours été là, m’attendant en deçà de mille aléas.

On peut supposer que votre communauté est au courant de ce partage, qu'en pense-t-elle ?

Je ne crois pas faire partie d’une communauté, mais plutôt de cercles de proches, amis, écrivains, artistes, et également lecteurs. Ces relations apprécient cette trilogie à divers titres et selon des perceptions parfois très différentes : de la trame la plus narrative ou autobiographique, à la dimension la plus spirituelle ou universelle. Ce qui me procure beaucoup de joie, et encore bien plus que cela.

Au fil du temps l'humanité dite "civilisée" s'est coupée de certaines racines, amputée de la part mystérieuse, moins explicable d'elle-même : à quoi personnellement attribuez-vous le plus ce phénomène ?

Croire que l’humain orchestre le progrès en se hissant au-dessus des règnes animal, végétal, minéral, ou de l’invisible, est une erreur de base doublée d’un gage de malheur : en se déconnectant de la nature, on se coupe avant tout de nous-mêmes. Dieu merci le monde change, les nouvelles générations s’expriment, et certains messages, hier « ésotériques », redeviennent aujourd’hui des références. Ainsi, certaines niches jadis confidentielles, dans lesquelles nous avons été plusieurs à faire un travail de pionniers (qu’il s’agisse de la naissance respectée ou du chamanisme en passant par le jardinage bio urbain, et autres pratiques alors avant-gardistes) sont aujourd’hui littéralement en train de devenir des phénomènes de société.

Avons-nous tous en nous de grands pouvoirs ignorés, qu'il suffirait en quelque sorte de "réactiver" ?

Oui, et bien plus d’aptitudes qu’on veut bien nous le faire croire.

Si oui, comment faire ?

Respirer, c’est faire partie d’un grand tout dans lequel les pouvoirs, les nôtres comme ceux qui nous entourent, ne demandent qu’à être réactivés. Se reconnecter à la Nature et en soi-même est un excellent premier pas pour cela, surtout s’il est suivi avec persévérance et constance.

Avez-vous conscience d'être porteur d'espérance et de réconfort, même pour ceux qui se contenteront de lire vos ouvrages et n'iront pas plus loin ?

Je suis heureux de le lire. Certaines graines sont semées et ne demandent qu’à germer. Les esprits font l’essentiel, et je ne fais que transmettre… aux lecteurs d’en disposer, le temps d’un livre, et plus si affinités.

Comment s'opère la "relève" ? Savez-vous qui va vous succéder un jour, le/la formez-vous déjà, ou n'aurez-vous, comme pour vous-même à l'époque, aucun pouvoir de décision ?

Les fils d’une vaste tapisserie se mêlent et s’entremêlent selon une magie dont les croisements et les synchronicités sont bien trop ingénieux pour être contrôlés, ou même représentés. Lâcher-prise et laisser-faire, accompagner du mieux que l’on peut, c’est participer humblement, mais sûrement au maintien de certaines traditions, à la continuité des appels, des éveils, et parfois des transmissions. Depuis des siècles, grâce aux traditions orales, aux contes et aux livres, une certaine partie de l’humanité y veille à merveille.

Tigran