26 février 2024

Chronique littéraire : Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson (Gallimard / folio).


Description de l'éditeur

"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon.
Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires."
Parfois, à cause des mots, on meurt de froid. Comme Bardur, pêcheur à la morue islandais, il y a un siècle. Trop occupé à retenir des vers du Paradis perdu de Milton, il oublie sa vareuse en partant en mer.
De retour sur la terre ferme, son meilleur ami entame un périlleux voyage pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, le livre funeste. Pour savoir aussi s'il veut continuer à vivre.
Entre ciel et terre, d’une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation…

Notre chronique

Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson transporte le lecteur au cœur de la beauté austère de l’Islande, de ses montagnes, de sa mer parfois déchaînée et de ses paysages à couper le souffle. Il s’agit, en quelque sorte, d’un bildungsroman, car le protagoniste, jeune homme en quête du sens de la vie, profondément meurtri par de nombreuses pertes, devient adulte et prend le chemin d’une nouvelle vie.
« Le gamin suit le regard de son ami et soupire également. Il veut accomplir quelque chose dans cette vie, apprendre les langues étrangères, parcourir le monde, lire un millier de livres, il veut atteindre l’essentiel, quel qu’il soit, il voudrait découvrir si l’essentiel existe, mais il est parfois difficile de réfléchir et de lire quand on est vermoulu après une journée épuisante passée à ramer, mouillé et transi après douze heures passées dans les champs, alors, ses pensées peuvent être tellement lourdes qu’il parvient à peine à les soulever, alors il est à ces lieues de l’essentiel. »
« […] il rêve d’accomplir de grandes choses car sinon, pourquoi diable vivons-nous ? »
Comme dans tous ses romans, l’écriture de Jón Kalman Stefánsson est très poétique, onirique et philosophique. Je tiens d’ailleurs à saluer la traduction d’Éric Boury.  

Les personnages, profondément humains, explorent l’amour, la perte (eux aussi) et l’identité. Entre ciel et terre est une méditation, une réflexion sur la vie et l’âme humaine, sur la langue et la littérature.
« Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. »
Un grand auteur islandais, à découvrir si ce n’est déjà fait.
« Ils rament et leurs cœurs pompent le sang, distillant en eux le doute sur le poisson et sur la vie, mais aucunement sur Dieu, non, car sinon, ils oseraient à peine monter sur cette coquille de noix, ce cercueil ouvert, posé à la surface de la mer, bleue en surface mais noire comme le charbon en dessous. »

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