30 décembre 2024

Chronique littéraire : De nos blessures un royaume - Gaëlle Josse (Buchet Chastel).

 Tasse créée par Sylvie Erhart (porcelaine), Moussanas, Châteauneuf-la-Forêt.

Résumé de l’éditeur
7 jours, 1000 kilomètres. Agnès, danseuse, tourne un jour le dos à sa vie. Elle part. Un périple lent, un itinéraire sans logique apparente. Dans quel but ?
Dans son sac, il y a un livre. Il est la raison de ce voyage qui la conduit à l'autre bout de l'Europe. Continuer à vivre exige parfois d'étranges détours.
Dans ce nouveau roman, on retrouve la sensibilité de Gaëlle Josse. Elle signe ici un texte bouleversant et lumineux sur la quête de soi. C'est aussi une déclaration d'amour aux livres, à la littérature, et à toutes les vies de papier qui nous rendent un peu plus vivants.
De nos blessures un royaume est le premier roman de Gaëlle Josse publié chez Buchet/Chastel.

Notre chronique
De nos blessures un royaume est un roman d’une infinie délicatesse, une plongée dans la douleur du deuil et dans l’exploration de soi. Agnès, danseuse, décide un jour de tout quitter. Elle part. Pourquoi ? Pour quoi ? Avec pour seule boussole un livre, ce livre, celui qui a été une ultime lueur partagée dans une chambre d’hôpital. 
« C’est grâce à lui que j’ai compris ce que je voulais faire, que j’ai enfin pu découvrir la vie que je désirais, après beaucoup d’errance » (p.23).
Ce voyage a pour objectif le Musée des relations rompues, à Zagreb. Là-bas, les objets, les mots déposés par d’autres tissent un écho, ont une résonance universelle. 
« Il y a de tout, du banal, du quotidien, du beau, du drôle, du terrible, du tragique. La vie. » (p.64). 
Agnès y cherche un lieu pour inscrire l’absence dans une mémoire collective.

C’est bien le voyage, et non la destination, qui importe ici. Gaëlle Josse écrit avec une grâce bouleversante et traduit l’indicible du deuil et l’effort quasiment surhumain de survivre. Ses mots dansent avec la précision d’une chorégraphie, tout comme la narratrice.
« Danser, créer, répéter, contraindre mon corps à l'exercice, absorber l'énergie de la troupe et la leur redonner... mais le tunnel n'en finit pas et j'y suis seule. » (p.19-20).
Agnès est à la fois perdue et en quête.
« La mémoire est enfer et refuge, dans ces frontières poreuses et imprévisibles avec le réel. » (p.101). 
Chaque page touche par son intimité, par sa pudeur et par l’universalité de ce que vivent ceux qui doivent réapprendre à avancer.

De nos blessures un royaume est un roman sensible, une ode aux livres et à leur capacité à sauver, à ouvrir des chemins inattendus. Gaëlle Josse nous rappelle que la littérature, comme les voyages, peut être cette main tendue qui nous arrache à l’immobilité. Un texte que je recommande vivement.

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Gabriel et Marie-Hélène.