Originaire d’une vallée
alpestre du Trentin dans le nord-est de l’Italie, zone frontière fracturée par
des revendications nationalistes, l'adolescent Pietro Toller subit les affres
de la guerre. Il est emprisonné avec sa famille, à l'hiver 1915 dans un camp de
réfugiés en Haute-Autriche. C'est là qu'il commence à noircir des cahiers
d’écolier, témoignages de ses souffrances et de ses interrogations sur des
évènements qu'il ne maîtrise pas. De retour au pays, Pietro, devenu adulte et
citoyen engagé, poursuit son travail d'écriture. Il étoffe ses cahiers alors
qu'éclate la deuxième guerre mondiale.
Un document rare sur le
fardeau que la grande histoire impose à la petite histoire d’une famille
ordinaire. Un thème universel qui interpelle au-delà du cadre géographique de
ce roman.
Notre chronique
Des initiales sublimées par l’histoire est le récit de Pietro, très
touchant et sobre. La Grande Histoire vue à travers la vie d’un homme et de sa
famille. Un texte très bien écrit, réaliste et prenant. Les déchirements, les
choix vitaux, les tragédies engendrées par les guerres que Pietro traverse, le
déracinement de toute une population (celle des Italiens du Tyrol méridional,
de Trieste et de Vénétie Julienne) puis sa survie (pour ceux qui ont réussi à
survivre dans des conditions inhumaines, dans le froid et la faim) une fois
internée dans un camp sont les thématiques essentielles de ce roman dont le fil
rouge s’apparente aux lettres MT brodées sur un tissu qui accompagnera le
narrateur toute sa vie. Ces lettres nous ont rappelé le A de La
lettre écarlate, A pour adultère, MT pour Margarita Toller, quoiqu’avec
des sens opposés.
Un incipit très fort, comme le livre : « Le roman est un genre littéraire qui falsifie et transfigure. » Nous entrons dans le vif du sujet ! Un récit historique, des faits réels eux-mêmes sublimés par l’écriture.
Un héros à sa façon puisqu’il réussira à échapper au front, un héros qui transgressera les lois et se battra dans un monde qui ne lui correspond pas : il fera même « un pied de nez à la déraison du monde ».
Un incipit très fort, comme le livre : « Le roman est un genre littéraire qui falsifie et transfigure. » Nous entrons dans le vif du sujet ! Un récit historique, des faits réels eux-mêmes sublimés par l’écriture.
Un héros à sa façon puisqu’il réussira à échapper au front, un héros qui transgressera les lois et se battra dans un monde qui ne lui correspond pas : il fera même « un pied de nez à la déraison du monde ».
L'auteur
Après avoir effectué une carrière d’officier dans l’Armée, Denis Costa se tourne vers l’enseignement. Il assure aujourd'hui des suppléances en école primaire et dans des collèges de l’agglomération toulonnaise, au profit notamment d’élèves en situation de handicap.
Interview
Interview Denis Costa
Quand as-tu commencé à
écrire ? Y a-t-il eu un déclencheur ?
Au lycée, j'étais plutôt bon
élève, mais avant tout un élève passif dans toutes les matières, hormis en
sciences économiques et en histoire-géo, mes matières de prédilection. Un jour
pourtant, le prof de français nous fit étudier un texte de La Bruyère, le
moraliste du XVII° siècle, mon intérêt pour cet auteur fut immédiat. Le texte
était tiré de son unique ouvrage : "Les caractères ou les mœurs de ce
siècle". J'adorais le format "chronique" et aussi le style très
novateur pour l'époque, presque contemporain. Ce fut comme un déclic, et le
soir même, je m'étais mis à griffonner un texte sur les incivilités
quotidiennes de mes sem-blables. Ce fut sans doute mon premier texte, vers
l'âge de 15 ans, un vrai désastre, je suppose…
Le deuxième texte, c'était à
la fac de Droit, j'avais rédigé une nouvelle Constitution pour la France, mais
une Constitution monarchique. J'ai toujours été plus Montesquieu que Rousseau,
plus Girondin que Jacobin… Malheureusement, je n'ai gardé aucune trace de tout
cela.
Quelles sont tes
principales influences ?
J'ai eu une jeunesse assez
solitaire dans les années '70, et je me réfugiais dans les livres. Le moment
privilégié de la semaine était le samedi après-midi, lorsque j'allais à la
bibliothèque de ma ville pour emprunter des livres. Le premier gros bouquin que
j'ai lu, un roman historique, m'avait beaucoup marqué, c'était Quo Vadis en version intégrale. Puis
j'ai lu des auteurs populaires, Gilbert Cesbron et Guy des Cars, des romans
policiers aussi, Fantômas, Arsène Lupin, Maigret, des pièces de Feydeau, des
pièces de boulevard. J'étais un lecteur très classique finalement, rien de
révolutionnaire.
Bien-sûr, j'ai évolué par la
suite, mais ce socle de lecture restera comme une empreinte indélébile.
Dernièrement, j'avoue avoir plutôt privilégié les analyses politiques ou
sociologiques, et je lis aussi des romans d'auteurs italiens, depuis que je
maîtrise cette magnifique langue.
Tout ça pour dire que mes
influences sont diverses…
Quel a été ton plus grand
bonheur littéraire ?
Un regret… En effet, j'ai été
passionné, fasciné, même, par la lecture d'un roman anglo-saxon qui racontait
la vie d'une famille britannique installée en Nouvelle Zélande au XIX° ou bien
au tout début du XX° siècle, il me semble. Mais je ne me rappelle ni du nom de
l'auteure, une Anglaise, probablement, ni du titre du bouquin… Si quelqu'un pouvait me renseigner d'ailleurs,
je lui en serais reconnaissant. Le livre était assez épais, tout déchiré,
j'ignore où je l'avais déniché, mais quel beau voyage j'avais fait !
Qu'est-ce que tu préfères
dans ton métier d'écrivain? Quelles facettes te plaisent le plus ? Te
déplaisent ?
Tout d'abord, je ne me
considère pas comme un écrivain. Un écrivain vit de sa plume, il a trouvé son
public. Moi, je suis un auteur tout simplement. Si je pouvais passer du statut
d'auteur à celui d'écrivain, ça m'irait bien, évidemment, c'est le rêve de tout
auteur…
Ce que je préfère dans
l'écriture, ce sont les premières lignes couchées sur le papier, ou plutôt sur
l'ordi, car dès cet instant, je sais déjà que j'irai jusqu'au bout de
l'écriture, jusqu'au dernier mot, le dénouement. Le début d'un récit signifie
qu'irrémédiablement, il comportera une fin, une fin avec un point final.
J'apprécie également les
moments où je revisite mes écrits, où j'en corrige la forme et le fond, quitte
à leur donner une nouvelle orientation ou un sens différent, une nouvelle
peau... En réalité, je ne suis jamais satisfait de ce que j'écris, j'y reviens
encore et encore. Le point final que j'évoquais à l'instant, en fait, je ne
sais pas s'il existe. Mon roman "Des initiales sublimées par
l'Histoire" a connu de multiples versions, corrigées, modifiées,
enrichies. J'en ai débuté l'écriture il y a 6, 7 ans, peut-être. Aujourd'hui,
j'en suis totalement satisfait, c'est un aboutissement. C'est la même chose
pour mon roman policier qui sera publié plus tard par le même éditeur, je l'ai
commencé il y a 5 ans. Ça peut paraître fastidieux tout ça, un peu étrange,
mais finale-ment, c'est excitant.
Ce que j'apprécie le moins,
c'est quand je termine l'écriture du roman. Je ressens comme un vide, la
tension a disparu, de même que l'adrénaline qui accompagne chaque ligne. Alors,
je passe à autre chose. Et puis, je ne sais pas me vendre, je suis plutôt d'un
naturel discret.
Est-ce que ce roman est en
partie personnel ?
"Des initiales sublimées
par l'Histoire" est un roman historique dont l'intrigue se situe à des
époques que je n'ai pas connues personnellement, contrairement à mes parents et
à mes grands-parents qui en avaient des souvenirs marquants. Donc, rien de
personnel, si ce n'est le récit du vécu des uns et des autres, pendant la
première et la deuxième guerre mondiale.
Toutefois, je peux dater
précisément la genèse du projet, le fait marquant qui m'a amené à écrire ce
roman. "Amené" est un terme un peu faible, je dirai plutôt que cela
avait créé en moi une certaine exaltation.
À une époque de ma vie,
j'étais propriétaire avec mon épouse qui est italienne, d'un petit appartement
de vacances à Folgaria, une station de montagne dans le Trentin, précisément là
où se déroule la trame de mon roman. En me promenant dans le village, un matin
d'été, j'ai croisé sur ma route un grand panneau communal où étaient affichés
les noms et les photos des personnes récemment décédées, je ne sais pas si on
trouve cela encore en France. Parmi ces personnes, figurait un certain Pietro
Toller, décédé à un âge avancé, puisque sa date de naissance montrait qu'il
était né autrichien et mort italien. Mon imagination a alors échafaudé le
déroulement de sa vie, une existence forcément singulière, riche et sans doute
dramatique à certains égards.
Il n'en fallut pas plus pour
faire de ce Pietro le personnage principal, sinon le héros de mon histoire. Ce
qui est marrant, c'est qu'un certain Toller a été maire récemment de cette
magnifique localité, je jure, je ne l'ai pas fait exprès…
Dès lors, j'ai acheté des
livres sur la vallée et sur le Plateau de Folgaria, j'ai compulsé pas mal de
documents, j'ai fait parler des anciens de la commune, j'ai fait le tour des
musées historiques de la région qui sont nombreux, bref, j'ai fait un travail
d'historien, selon mes modestes moyens, bien sûr. Un travail super enrichissant
car chaque évènement "digéré" me poussait à l'étude du suivant.
Un mot de fin ?
Mon souhait le plus cher est
de faire participer le plus grand nombre de lecteurs possible à la vie de mon
personnage principal et de sa famille. Pietro en vaut le coup, et
personnellement, je lui tire mon chapeau, j'ai beaucoup de respect envers cette
génération de citoyens sacrifiés, celle des guerres et de la décomposition de
l'Europe, aujourd'hui par chance, organisée et pacifique. Je pense aussi à une
région qui m'est chère, l'Alsace/Moselle dont l'histoire est similaire à bien
des égards à celle que je raconte, une région Alsace/Moselle qui ne peut pas
s'exprimer pleinement, bâillonnée par le jacobinisme de nos institutions.
L'histoire que je publie est
d'actualité, quand on sait que bien des peuples en Europe sont aujourd'hui tentés
par le nationalisme et la fermeture des frontières, causé principalement par
des peurs que l'on peut comprendre, par la crise sociale et aussi par le rejet
de l'étranger, cela m'angoisse un peu, je dois l'avouer.
Mon autre souhait est que mon
roman soit un jour traduit en langues italienne et allemande pour une possible
publication dans les pays concernés. J'ai aussi un autre "dream",
encore plus chimérique, celui de voir adapter mon livre dans une série télévisée
produite par la Rai, la télévision publique italienne, qui reste maître en la
matière…
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le tout avant le 10 mai 2019 à 17h !
Retrouvez les chroniques des ouvrages des Éditions Nouvelle Bibliothèque :
* Terminus
* So long, Alice
* Killarney 1976
* Amer Noir : le jour où j'ai tué Staline
* La petite fiancée de la Grande Guerre
* Grand froid
* Le legs
* Le feu secret (exceptionnellement une chronique de lecteurs)
* Spiral(e)
* La trilogie psychiatrique
* Le voyage d'une seconde
* Opération forêt des abeilles
Merci pour ce bel hommage rendu à Pietro, à sa famille, et au delà, à toutes les populations ayant connu ou qui connaissent aujourd'hui les affres de l'éxil.
RépondreSupprimerAvec grand plaisir Denis ! :)
SupprimerJe serai content de lire ce livre lorsqu'il sera en format ebook. Pour le reste, je trouve que Denis Costa a bien de la chance si, lorsqu'il écrit le premier mot d'un livre, cela lui apporte la certitude qu'il ira à la fin. Moi, cela met à peu près 80 pages, et encore. C'est beaucoup plus fatiguant !
RépondreSupprimer:) belle lecture Philippe !! : )
SupprimerMerci Philippe, c'est surtout la nuit, juste avant le sommeil que me viennent les mots et les idées. Après, tout s'enchaîne...
RépondreSupprimerCoucou, merci beaucoup pour ce joli concours dont je participe volontiers. Bisous, bonne chance à tous et à bientôt
RépondreSupprimerTrès belle chronique, je participe 😊
RépondreSupprimerBonjour, j'aimerais bien savoir l'intrigue du roman policier, est-il situé à la même époque que le roman? Je participe au concours, merci!
RépondreSupprimerBonjour Basilic. Le roman policier se déroule à notre époque en 2019, et le héros en est le commissaire Rizzoli de la police criminelle de Bolzano. Comme u le vois, la zone géographique reste la même, le Trentin, Haut Adige/Südtirol. Merci à toi !
SupprimerBonjour Basilic, je ne sais pas si tu as reçu ma réponse... L'intrigue de mon roman policier se situe de nos jours dans la belle ville de Bolzano dans le Haut-Adige/Südtirol. L'époque est différente mais la zone géographique est la même... Merci à toi et bonne journée !
SupprimerBonjour, je participe avec plaisir ! Et merci pour ce concours, des bises
RépondreSupprimerBonjour, j'ai remarqué que Google m'avait attribué une adresse mail obsolète. La mienne est deniscosta90@yahoo.fr Merci.
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