19 décembre 2022

Chronique littéraire : Le Dernier enfant de Philippe Besson (Julliard).

Description de l'éditeur
Prix de la Ville de Vannes 2021
" Elle le détaille tandis qu'il va prendre sa place : les cheveux en broussaille, le visage encore ensommeillé, il porte juste un caleçon et un tee-shirt informe, marche pieds nus sur le carrelage. Pas à son avantage et pourtant d'une beauté qui continue de l'époustoufler, de la gonfler d'orgueil. Et aussitôt, elle songe, alors qu'elle s'était juré de se l'interdire, qu'elle s'était répété non il ne faut pas y songer, surtout pas, oui voici qu'elle songe, au risque de la souffrance, au risque de ne pas pouvoir réprimer un sanglot : c'est la dernière fois que mon fils apparaît ainsi, c'est le dernier matin. "
Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d'une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle.

Notre chronique
Roman de la page qui se tourne, de la page que l’on ne veut pas tourner. Trois êtres qui vivent ce premier pas dans la nouvelle vie d’un jeune qui part de la maison de façons diverses, voire opposées. Lui, Théo, savoure cette promesse de liberté, cet envol, cette indépendance toute neuve. La mère, même en s’efforçant de se raisonner, se sent brutalement très seule et ne sait comment gérer ce départ, pourtant dans l’ordre des choses (et porteur de changements bénéfiques bien naturels). Elle le ressent comme un abandon douloureux alors même que le père la comprend, la soutient et l’accompagne en silence dans ce qui s’apparente pour elle à un drame, une blessure comparable à celle causée par l’accident qui avait failli coûter la vie à Théo, des années plus tôt. Un événement vécu par trois personnes qui vont devoir se séparer et redémarrer sur d’autres bases, chacune avec son parcours, ses attentes, ses craintes, ses peurs et ses sensibilités propres. Réapprentissage du couple qui sort du schéma parental quotidien et se retrouve en tête à tête, apprentissage tout court pour un jeune en autonomie dans son petit studio (solitaire), dans une ville inconnue.
Un rite de passage qui sera plus difficile pour la mère dont le benjamin quitte le nid. Parce qu’à lui seul il parvenait à masquer le départ de ses aînés, à combler le vide qu’ils avaient laissé. Parce que c’est le      
« petit dernier » qui, peut-être plus que les autres, a cristallisé tendresses, espérances, ambitions.
Parce que cette fois il va falloir se confronter pour de bon à l’absence et compter sur ses propres forces.
Un portrait tout en délicatesse de ce moment crucial. 

Pour aller plus loin

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Gabriel et Marie-Hélène.