09 mai 2019

Chronique littéraire : Je suis un des leurs de David Ruiz Martin (Éditions Nouvelle Bibliothèque).

Quatrième de couverture
Lorsque Raúl Pontes, journaliste désabusé et mal dans sa peau, apprend l’existence d’un grand-père passé pour mort depuis trente ans, son sang ne fait qu’un tour.
   Qui est cet homme et pourquoi a-t-il disparu aussi longtemps ?
   Persuadé que ce nouveau coup est l’œuvre de ses sœurs et de son irresponsable mère, un seul choix s’offre à lui : celui de pousser la porte de ce passé occulte.
   Horacio, ce grand-père au comportement amer lui demande alors une faveur étrange : retrouver son amour perdu il y a plus de soixante-dix ans, lors de la guerre civile espagnole.
   C’est sceptique que, finalement, Raúl accepte, ignorant que c’est un pan entier de sa propre histoire qu’il s’apprête à déterrer.
   Ses indices le mèneront jusque dans la capitale espagnole, en plein cœur du Madrid historique et de sa ferveur perpétuelle…
   …mais le pousseront, aussi, bien plus loin, aux limites de l’insoutenable, où se mêlent les œuvres d’amour et de mort d’une guerre civile injuste et fratricide.

   Lancé sur les traces de cet amour impossible, Raúl ignore que cette plongée fulgurante dans ce pays rongé par le souvenir ébranlera ses convictions et les fondements mêmes de sa propre existence.

Notre chronique
David Ruiz Martin nous livre un somptueux roman qui éclaire un pan essentiel de la guerre civile espagnole, avec sincérité, compassion, sans fioritures. Un texte fluide et bien écrit, une histoire magistrale, celle (romancée) de sa famille, des siens. Un texte qui prend aux tripes et qui ne peut laisser indifférent. Un texte qui mêle les arts et nous parle de Madrid, avec amour, comme personne ne l’avait fait auparavant. Bien sûr, il y a aussi deux superbes histoires d’amour contrariées, dignes d’un Roméo et Juliette espagnol, qui permettent au narrateur et protagoniste de se retrouver, de se reconstruire, car une partie de son histoire personnelle lui a été cachée. Et ceci est comme un miroir grossissant de tout ce que l’on a caché au monde entier sur les années franquistes et sur la guerre civile et les horreurs perpétrées à l’époque puis pendant des années. Deux histoires : l’Histoire d’Espagne et celle de Raúl se dévoilent avec des effets de mise en abyme. La guerre est la pire des calamités et la guerre civile n’est pas en deçà, car comme le montre cette histoire, elle continue bien après le conflit ouvert à travers la répression impitoyable des Caudillo en tout genre et au travers de l’exil auquel ont été contraints ceux que la défaite a frappé.
En conclusion, on se laisse emporter par cette histoire familiale magistrale et romanesque sur fond historique. À mettre entre toutes les mains ! 

L'auteur
Je suis né le 01.12.1978 à Madrid, Espagne. C’est à l’âge de quatre ans que je suis parti vivre en Suisse.
Issu du domaine de la construction, menuisier de formation, je n’ai suivi aucun parcours littéraire.
Autodidacte et touche-à-tout, passionné de cinéma et de littérature, j’ai débuté, vers l’âge de vingt ans, mon parcours d’auteur, dans l’ombre, avec quelques nouvelles que je garde pour moi encore à ce jour. Durant près de dix ans, seule ma femme était mise dans la confidence de ma passion. C’est vers l’âge de trente-deux ans que je me lance dans l’écriture de mon premier roman, « Le syndrome du morveux », thriller auto-édité, qui surprend mon entourage, suivi d’un second, « Que les murs nous gardent », roman d'épouvante, l’année suivante. Ensuite, je prends plus de deux ans afin de peaufiner un troisième, « Je suis un des leurs », une histoire me tenant particulièrement à cœur depuis de nombreuses années, prenant au dépourvu mes lecteurs tout en me dévoilant davantage, en leur offrant un roman personnel qui colle à mes racines.
Depuis le succès de mon premier roman, je me laisse du temps afin de mettre sur papier les histoires qui germent dans mon esprit.
Je suis marié et vis à Cressier, en Suisse.


Interview
Bonjour David !
Quand avez-vous commencé à écrire ?
J’ai commencé à écrire vers 2010 plusieurs textes inachevés. Des essais et d’autres choses que je n’ai jamais publiés. Je ne pensais pas du tout écrire pour être lu. C’était une chose que je croyais réservée à une sorte d’élite et donc inaccessible pour moi. Puis en 2012, je me suis mis à « sérieusement » écrire. J’ai ébauché les premiers chapitres d’un roman, « Le syndrome du morveux », un thriller noir qui se déroulait dans ma région. J’ai mis plus de deux ans à l’écrire. Je l’ai souvent arrêté, retouché, parfois recommencé. Plus l’écriture avançait et moins je m’imaginais capable de le terminer un jour, et encore moins de parvenir à le publier, que ce soit en auto-édition ou par le biais d’un éditeur.

Quel lecteur êtes-vous ?
Je n’ai aucune formation littéraire, je n’ai donc jamais étudié d’ouvrages de grands écrivains. Mes premières expériences de lecture, mais surtout d’émotions, m’ont marqué vers l’âge de 13 / 14 ans, lors d’un devoir qui consistait à faire l’exposé d’un livre qui nous était imposé. Je ne me souviens plus du titre, mais c’est en le lisant que les premiers frissons littéraires ont débuté, et que j’ai « réellement » ressenti une peur. Ensuite, je me suis naturellement tourné vers l’un des romanciers les plus populaires dans ce genre, Stephen King, dont j’ai dévoré les premiers romans. Concernant mes autres lectures, cela peut grandement varier selon les périodes. Si je suis en pleine écriture d’un roman, je lis un peu moins pour ne pas perdre le fil de mon histoire, mais j’essaie au mieux de me laisser du temps pour découvrir d’autres textes et de nouveaux auteurs. Je pense qu’il faut un temps pour écrire et un temps pour prendre du recul et voir ce qui se fait autour de nous.

Que représente la littérature pour vous ? La lecture ? L’écriture ?
Une réelle passion pour la lecture tout d’abord. C’est pour moi comme une porte ouverte sur l’immensité du monde, de l’histoire, et de l’imagination des auteurs, toujours différente. La lecture permet de ressentir tellement de sensations, de sentiments contraires sur un même livre, de sortir de son quotidien et de partager des vies auxquelles nous n’aurions jamais eu accès. L’écriture pure est venue ensuite. J’ai écrit beaucoup de textes plus ou moins longs, pour mon seul plaisir, puis me suis réellement lancé dans l’écriture d’un roman quelques années plus tard. Aujourd'hui, écrire est devenu plus qu’une passion : C’est un réel besoin qui me prend presque chaque jour. Ce que je cherche à provoquer avant tout, c’est une émotion. Qu’elle soit positive ou terrible, je cherche toujours à faire réagir le lecteur, parfois à le perdre, pour mieux le surprendre. C’est ce que j’aime lorsque je lis, c’est donc tout naturellement ce que je tente de provoquer lorsque j’écris.

Exercez-vous une autre profession ? Si oui, comment gérez-vous les deux ?
Je suis menuisier de métier et à mon compte depuis 2009. Je débarque donc d’un milieu totalement différent, et au départ, il est vrai que je me suis senti un peu perdu, ne maîtrisant aucun des codes de ce monde. Ce grand écart m’a parfois desservi, surtout au départ, car on me voyait plus comme quelqu'un de manuel qui s’essayait timidement à la littérature que comme un auteur. Les premiers articles me concernant le prouvent. J’entends encore les « Il a troqué son rabot pour une plume » moyennement sentis de la part de la toute première journaliste, qui ne s’était pas gênée pour insinuer dans son article que mes résultats d’école m’avaient logiquement dirigé vers un métier manuel… (sic). Lorsque 4 ans plus tard, je l’ai croisée dans ce même journal, accompagné d’une de ses collègues à qui je devais donner une interview pour ma place de lauréat à un concours littéraire parisien, ça a été un moment jubilatoire (pour moi) et de honte (pour elle). À part cela, mon travail me prend énormément de temps, c’est donc pourquoi je me lève chaque matin entre 4h30 et 5h00 (parfois 4h00 aussi, mais c’est plus rare) pour me laisser du temps pour écrire, avant de filer au travail (parfois légèrement frustré, car c’est souvent à partir de la deuxième heure d’écriture que l’inspiration est la meilleure).  

Combien de temps consacrez-vous à l’écriture ?
Comme expliqué plus haut, je me laisse près de deux heures le matin, et le soir, tout dépend de l’organisation, mais en général je relis mon texte, apporte les modifications nécessaires et mets en place la suite du récit, pour le lendemain.

Vos histoires sont-elles inspirées par des anecdotes personnelles ?
Ça peut arriver, mais ce serait plus sur des discussions que j’entends parfois, une phrase qui m’interpelle, une façon de parler, de s’exprimer, que par des événements vécus. Sauf, peut-être, pour mon roman « Je suis un des leurs » (sortie en mai 2019 aux Éditions Nouvelle Bibliothèque) qui par certains aspects de l’histoire, est parfois autobiographique. Quels passages sont inventés ? Lesquels font partie de mon vécu ? Pour cela il faudra le lire. ;)

Avez-vous la trame de votre histoire en tête avant de commencer à écrire ?
Pour chaque histoire que j’écris, que ce soit une nouvelle ou un roman, je sais exactement comment ça débute, ce qu’il s’y passe, et comment ça se termine. Je me prépare toujours une sorte de story-board (qui fait des dizaines de pages) avec tous les points importants, les événements majeurs, des notes sur des recherches préalables, les personnages, leur comportement, avec des notes dans tous les sens et même des éléments de dialogue déjà prêts et travaillés. Pour exemple, lors de l’écriture de « Je suis un des leurs » qui se déroule durant la guerre civile espagnole, j’avais près de 200 pages de notes, au commencement de mon texte. Je mentirais si je vous disais qu’il n’a pas a été (et de loin) le roman le plus compliqué et éprouvant à écrire… et j’ai sué plus d’une fois à grosses gouttes J 

Êtes-vous en train d’écrire un nouveau roman ?
Tout à fait ! Et il est bientôt terminé ;) Après ça, je le laisserai quelques mois en attente, dans un coin, histoire de l’oublier un peu et de m’attaquer à autre chose. Je le reprendrai et le relirai ensuite avec un œil neuf et bien plus de recul. J’ai à l’heure actuelle 3 romans qui seraient prêts à être écrits, seul le temps me manque !
Un mot de la fin ?

Profitez de votre temps pour lire et pour rêver, tout en gardant les pieds sur terre. Soyez heureux et profitez des gens que vous aimez. Mais plus que tout, prenez la vie comme un jeu, car elle passe tellement vite que ce serait un gâchis de la prendre trop au sérieux.

Pour aller plus loin
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Merci David ! 

Retrouvez les chroniques des ouvrages des Éditions Nouvelle Bibliothèque 
Terminus
So long, Alice
Killarney 1976

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