23 décembre 2019

Chronique littéraire : Passer la vague d'Alexandra Guigand (Editions Nouvelle Bibliothèque).

Résumé
Je ferme les yeux pour mieux sentir le soleil sur ma peau. Je suis allongée sur la plage de Lérat, je me fais bronzer. Nous sommes au beau milieu de l'été 2006. Au lendemain de cette journée de farniente, Alexandra est hospitalisée d'urgence. Lorsqu'elle se réveille d'un coma de quelques jours, c'est pour découvrir qu'elle est paraplégique. Elle n'a que 33 ans, elle est mariée et mère de deux jeunes enfants. Elle doit désormais vivre en fauteuil roulant. Elle raconte avec sincérité et pudeur comment elle doit apprendre à vivre avec ce nouveau corps, comment elle a passé la vague de la colère et du désespoir et choisi de vivre encore plus fort.

L'auteure



Née en 1972 à Chateaubriant, j'ai passé mes premières années en Afrique : au Togo, au Benin, au Cameroun et à Madagascar. J'ai étudié dans de nombreuses écoles françaises, au Caire, à Ankara, à Madrid. Après des études touristiques (pour rester dans le monde des voyages), je travaille presque 7 ans à l'aéroport de Nantes pour les tours opérateurs. J’expérimente le travail d'agent de voyages également, chose que je n'ai pas du tout aimée. J'ai également eu la chance de promouvoir le tourisme Français au sein de Maison de la France à Madrid.
Des années plus tard je ferai une formation en didactique de langues étrangères, pour enseigner en primaire. J’ai exercé pendant un an, c'était chouette ce rôle de maîtresse d'école. Une réforme, et ce sont les professeurs des écoles qui doivent enseigner les langues, plus besoin d'intervenants extérieurs…
C'est tout naturellement et surtout pour des raisons pratiques que je me tourne vers l'enfance. Avec des enfants le tourisme devient compliqué, c'est travailler pendant que les autres sont en vacances. Et je mets un point d'honneur à m'occuper de mes petits.
Je deviendrai Atsem dans l'école de mes enfants, puis assistante d'éducation.
Un parcours atypique, qui m'a permis d'être une maman à temps plein.
Depuis mon incident de vie, j'ai travaillé à la Mairie de Guérande pour les temps péri éducatifs, afin de sensibiliser les enfants au handicap, à la différence. Et mon espagnol et mon anglais sont d'une grande utilité.
Je suis Agent d'animation pendant 4 ans. Et agent d'accueil périscolaire le soir.
Et les réformes oui, toujours les réformes changent, plus de Temps Péri éducatif depuis septembre 2018. Je n'ai donc plus de travail.
Je vis avec une allocation handicapée. Mais je cherche, je cherche tellement que tout m'apparait comme une évidence, et pourtant il reste tout à faire. Je vais devenir consultante, experte du handicap.

Affaire à suivre... mais il faut croire en ses rêves.


Notre chronique
Un texte fort et émouvant. Un livre autobiographique qui sonne vrai et qui fera du bien à tous, puisqu’il est porteur d’espoir. Un espoir si dur à trouver quand on est frappé soudainement par un incident de vie et que l’on se retrouve cloué dans un fauteuil roulant. Un texte vivant, au style fluide et personnel.
Une métaphore filée, celle de la vague, très touchante et parlante.
Ce témoignage d’une descente aux enfers puis d’une reconstruction, à la force du poignet, est remarquable et m’a fait penser au roman de Grand Corps Malade, que j’avais également énormément apprécié. Un véritable concentré de courage, d’abnégation, de désir de vivre ! J’ai retrouvé l’Alexandra avec qui j’ai eu le bonheur d’échanger au téléphone. Une très belle rencontre littéraire et humaine !
Je vous recommande vivement ce superbe témoignage !

Interview de l'auteure
Quelle lectrice es-tu ?
Je dirais compulsive, c'est tout ou rien. Il m'arrive de dévorer deux livres voire trois dans la même semaine. Puis d’enchaîner, pour ensuite ne plus rien lire du tout. Et puis il y a des endroits, des moments que je préfère pour lire : ma terrasse, un peu de soleil, du silence, et surtout que plus rien ne traîne dans la maison, dans mes papiers, dans mon linge… Autrement dit que mon esprit soit totalement libre.

Quels sont tes 5 romans préférés ?
Si je remonte dans le temps, puisque j’ai un bac A2 (philosophie et langues), le français était, tu le sais, important.
J’ai aimé Baudelaire et Les fleurs du mal.
Le petit Prince de Saint-Exupéry
Lorsque que j’aime un auteur, je lis souvent plusieurs de ses livres.
J’ai apprécié la légèreté et l’humour de Gilles Legardinier avec ses trois titres Ca peut rater, Et soudain tout change, Quelqu’un pour qui trembler. Lu et dévoré un été sur la plage.
Agnès Ledig, Juste avant le bonheur, et Marie d’en haut.
Gounelle : L’homme qui voulait être heureux, évidemment !
Virginie Grimaldi : Le premier jour du reste de ma vie.
Toutes les lectures qu'on me propose, et qui sont susceptibles de me faire du bien. Les choses spirituelles m'attirent beaucoup.
Et tant d’autres...

Que représente la littérature pour toi ? La  lecture ? L'écriture ?
Des apprentissages de la langue, des styles, de l'orthographe (que l'on perd avec tous ces SMS)
Découvrir que la littérature a toujours existé.
La connaissance, et donc un bon moyen de se cultiver.
Un voyage, on va de découverte en découverte. Qu'il s'agisse de lieux, de cultures. Du passé, du présent et du futur. Et de très nombreux voyages intérieurs.
Un questionnement, qui appelle très souvent des recherches personnelles.
La lecture est source de bien être pour moi, c'est une vraie échappatoire.
L'écriture est une vraie thérapie, mettre des mots sur des maux. Elle m'a permis d'avancer dans mon quotidien, de pardonner.
Bref de me soigner un peu.

As-tu des anecdotes liées à l'écriture ?
Oui tellement. Déjà tu dois savoir que la solitude fait que je deviens une vraie pipelette, ce qui n'était pas trop mon cas.
Ma rencontre avec Nathalie Palayret a été le facteur déclencheur.
Elle a été une perle pour moi. Elle est bibliothérapeuthe, j’ai été son premier exercice, si on peut dire.
Et je ne sais comment la remercier.
J'aime écrire le matin, ça fuse, des discours, des courriers à mes proches, pour des événements particuliers (mariage, anniversaire…) lorsqu'il y a des choses que je n'arrive pas à résoudre oralement devant eux .
Mon livre aurait dû faire 500 pages ou plus, mais j'ai jeté tellement de papier ! Des chapitres entiers de désespoir, de tristesse, de colère et de haine.
Il n'était pas judicieux que ceux qui m'entourent surtout mes enfants, et mes parents lisent cela. Et j'ai bien fait car, comme je te l'ai dit, ils n'ont vu que de belles choses, tristes souvent, mais pleines d'espoir et d'amour.
Pour l'anecdote un peu moins drôle, mon ex-mari à qui j'avais dit j'écrirai un livre, m'avait menacée. Si jamais j'écrivais quelque chose de mal sur sa personne il me promettait avocats et tribunaux... c'est pourquoi tu ne trouveras pas un endroit ou presque où je parle mal de lui. (à la plus grande surprise de mon entourage) mais j'en suis heureuse, mes enfants n'ont donc pu lire que de belles choses sur leur papa. Et ce que je dis à un instant T ? Je le pense si fort.
Et ce livre, j'en avais envie avant mon handicap, je rêvais d'écrire un ouvrage concernant les expatriés. Pourquoi, car j'ai tellement matière à raconter ce que j'ai vécu et vu dans mon enfance. Dans ma vie d'adulte cela n'a suscité que jalousie alors je me suis tue. Et pourtant c'est extraordinaire d'avoir vécu aux quatre coins du monde. Je voulais que mes parents le sachent, et les autres aussi, et qu'ils me comprennent.
Je suis super brouillon, je peux écrire sur n'importe quoi et n 'importe où, il est donc très difficile de remettre de l'ordre ensuite.
Enfin écrire permet aux autres de nous lire jusqu'au bout… sans nous couper.
Sinon, eh bien je suis nulle pour la technique, je déteste écrire sur un ordinateur, je préfère un crayon et du papier. Je me relis très rarement. En fait je sors totalement de ma zone de confort en ce moment.
Je pourrais t'écrire un nouveau livre !!!!

Qu'est ce qui t'a le plus émue dans les ressentis de tes lecteurs ?
Des mots et phrases très fortes.
C'est injuste.
C'est beau !
Mais tu écris bien !
On te reconnait ou on apprend à te connaitre. (Nombreux sont les inconnus qui m'ont fait cette remarque)
Tu as fait cela sans nous le dire ! Eh oui, je n’y crois pas moi-même, puisque je suis un livre ouvert à moi toute seule.
Bravo !
Merci !
Tu nous as fait tellement de bien !
C'est simple, accessible à tous.
Nous n'avions jamais imaginé que tu puisses vivre de telles choses !
Quel courage, (en ce qui me concerne ce n'est pas du courage)
Pas de tabous ! (Sûrement pas)
Une leçon de vie, un hymne à l'amour et une sacrée envie de vivre.
Humilité.
Tellement de retours (tu pourras les voir pas toi-même sur la page de Passer la vague), que j'ai mis des mois à réaliser.

Le mot de la fin
Garder le cap !
La vie est un combat pour chacun de nous, et pourtant... elle vaut le coup d'être vécue. C'est un cadeau précieux.
Croire, espérer, rire, partager, écouter, donner, aimer, et surtout ne jamais oublier d'être heureux.
Prendre soin de soi et de tous ceux qui nous sont chers.

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Retrouvez les chroniques des ouvrages des Éditions Nouvelle Bibliothèque (adultes)
Terminus
So long, Alice
Killarney 1976

Amer Noir : le jour où j'ai tué Staline
* La petite fiancée de la Grande Guerre
Grand froid
Le legs
Le feu secret
Spiral(e)
* Le feu secret (nous donnons la parole à d'autres lecteurs !)
La trilogie psychiatrique
Le voyage d'une seconde
Opération forêt des abeilles
* Tous les hommes sont rois
Je suis un des leurs
Et demain l'éternité
* Respirer le même air
* De l'aube au crépuscule
* Dissonances (vu par Solange Schneider)
* Dans la fêlure du miroir patientent nos âmes
* N°53
* La plume
* Le caillou blanc
* Poèmes aromatiques

1 commentaire:

  1. Ce magnifique témoignage d une femme remarquable de courage et d'abnégation est un hymne à la vie. On passe des rires aux larmes et chapitre lu déclenche l envie de prendre connaissance du suivant. Bravo ! Incontournable en cette fin d année

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